"... Jésus rejoindra l’homme, la femme le plus pécheur et plus abîmé, non par pour l’engloutir mais le retirer de l’eau, le retrancher de sa misère et le sauver. "
BAPTÊME DU SEIGNEUR A
En ce dimanche de la fête du baptême du Seigneur Jésus, nous fermons le livre du temps de Noël.
« Alors Jésus parait », nous a dit l’évangile. Alors, cela signifie qu’il a l’âge de 30 ans. Il a vécu jusqu’à présent à Nazareth comme tous les jeunes de son village ; il a exercé un métier, celui de charpentier, initié par Joseph ; il a été aimé et élevé par une mère, et quelle mère, la Vierge Marie.
Le voilà aujourd’hui venue de Galilée jusqu’au Jourdain.
Le Jourdain est un fleuve unique au monde. En hébreu le mot «Yarden » signifie « le descendeur » (« celui qui descend »).
Effectivement, s’il prend ses sources dans le mont Hermon, à 520 mètres d’altitude, il est le seul à descendre si bas, dans la Mer Morte, à 394 mètres en dessous du niveau de la mer.
En même temps, ce fleuve curieux symbolise une autre descente, un autre abîme. C’est la descente de Jésus au plus près et plus bas des personnes.
Ces personnes venaient dans ce fleuve se faire baptiser par Jean le baptiseur (Jean le Baptiste) pour se faire pardonner de leurs péchés.
Et voilà que Jésus se met dans le rang au milieu d’eux. Or lui n’a commis aucun péché. Il n’a pas besoin de se faire purifier. D’ailleurs Jean le Baptiste ne veut pas le baptiser, lui qui sait l’identité de Jésus ; or il le fait, demandé par Jésus.
Jésus n’avait effectivement nul besoin de confesser ses péchés ! Et pourtant, il va à son tour vers les eaux du Jourdain chargée de boue (le limon).
Eh bien, il vient pour se solidariser avec les pécheurs qu’il veut sauver, ainsi il vient s’enraciner dans son peuple et le ramener vers le Père.
Il descend au plus bas, là où croupit l’humanité pécheresse pour la faire remonter, purifiée.
En Jésus, commence une nouvelle création, celle d’un peuple nouveau.
Par son baptême dans le Jourdain, à la puissance du mal signifiée par l’eau jaunie d’alluvions du petit fleuve de Palestine, Jésus apporte la présence de son infinie compassion, de sa grande tendresse.
Depuis ce jour, Jésus rejoindra l’homme, la femme le plus pécheur et le plus abîmé, non par pour l’engloutir mais le retirer de l’eau, le retrancher de sa misère et le sauver.
Il s’est fait le plus proche des plus loin.
Et c’est là, quand il est avec nous au plus bas de nos souffrances, qu’éclate l’épiphanie, la manifestation solennelle. C’est-à-dire qu’il révèle son plus beau et fort visage.
L’étoffe céleste se déchire alors. « Voici que les cieux s’ouvrirent » dit le texte.
En Jésus, là visible dans l’eau à hauteur d’homme, Dieu le Père, invisible à nos yeux, se donne une Parole. Jésus sera la Parole de Dieu. Par sa vie, ses mots et ses gestes, il sera « la voix du Père » parmi les hommes.
Dieu le dit dès que Jésus est baptisé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie ».
La joie de Dieu, c’est donc que Jésus son Fils Unique soit avec nous dans notre glaise, dans notre boue, dans ce qui nous fait mal… par amour pour nous.