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La Paroisse
Homélie de la fête du Baptême du Seigneur
Homélie de la fête du Baptême du Seigneur
© Vitrail église Saint Vincent Hendaye

| Jean-Marc Lavigne 922 mots

Homélie de la fête du Baptême du Seigneur

"... Jésus rejoindra l’homme, la femme le plus pécheur et plus abîmé, non par pour l’engloutir mais le retirer de l’eau, le retrancher de sa misère et le sauver. "

Manex Barace
Manex Barace © Détail
Manex Barace

BAPTÊME DU SEIGNEUR A

En ce dimanche de la fête du baptême du Seigneur Jésus, nous fermons le livre du temps de Noël.

« Alors Jésus parait », nous a dit l’évangile. Alors, cela signifie qu’il a l’âge de 30 ans. Il a vécu jusqu’à présent à Nazareth comme tous les jeunes de son village ; il a exercé un métier, celui de charpentier, initié par Joseph ; il a été aimé et élevé par une mère, et quelle mère, la Vierge Marie.

Le voilà aujourd’hui venue de Galilée jusqu’au Jourdain. 

Le Jourdain est un fleuve unique au monde. En hébreu le mot «Yarden » signifie « le descendeur » (« celui qui descend »). 

Effectivement, s’il prend ses sources dans le mont Hermon, à 520 mètres d’altitude, il est le seul à descendre si bas, dans la Mer Morte, à 394 mètres en dessous du niveau de la mer.

 

           En même temps, ce fleuve curieux symbolise une autre descente, un autre abîme. C’est la descente de Jésus au plus près et plus bas des personnes. 

 

           Ces personnes venaient dans ce fleuve se faire baptiser par Jean le baptiseur (Jean le Baptiste) pour se faire pardonner de leurs péchés. 

           Et voilà que Jésus se met dans le rang au milieu d’eux. Or lui n’a commis aucun péché. Il n’a pas besoin de se faire purifier. D’ailleurs Jean le Baptiste ne veut pas le baptiser, lui qui sait l’identité de Jésus ; or il le fait, demandé par Jésus.

 

            Jésus n’avait effectivement nul besoin de confesser ses péchés ! Et pourtant, il va à son tour vers les eaux du Jourdain chargée de boue (le limon). 

Eh bien, il vient pour se solidariser avec les pécheurs qu’il veut sauver, ainsi il vient s’enraciner dans son peuple et le ramener vers le Père. 

Il descend au plus bas, là où croupit l’humanité pécheresse pour la faire remonter, purifiée.

 

           En Jésus, commence une nouvelle création, celle d’un peuple nouveau.

Par son baptême dans le Jourdain, à la puissance du mal signifiée par l’eau jaunie d’alluvions du petit fleuve de Palestine, Jésus apporte la présence de son infinie compassion, de sa grande tendresse. 

Depuis ce jour, Jésus rejoindra l’homme, la femme le plus pécheur et le plus abîmé, non par pour l’engloutir mais le retirer de l’eau, le retrancher de sa misère et le sauver. 

Il s’est fait le plus proche des plus loin.

         

           Et c’est là, quand il est avec nous au plus bas de nos souffrances, qu’éclate l’épiphanie, la manifestation solennelle. C’est-à-dire qu’il révèle son plus beau et fort visage. 

L’étoffe céleste se déchire alors. « Voici que les cieux s’ouvrirent » dit le texte. 

En Jésus, là visible dans l’eau à hauteur d’homme, Dieu le Père, invisible à nos yeux, se donne une Parole. Jésus sera la Parole de Dieu. Par sa vie, ses mots et ses gestes, il sera « la voix du Père » parmi les hommes.

Dieu le dit dès que Jésus est baptisé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie ».

La joie de Dieu, c’est donc que Jésus son Fils Unique soit avec nous dans notre glaise, dans notre boue, dans ce qui nous fait mal… par amour pour nous.

 

           L’Esprit Saint à son tour descend « comme une colombe ». Son action est discrète, mystérieuse : l’Esprit Saint agit par petites touches respectueuses, comme une douce colombe. Il est là, tout près, comme s’il voletait doucement au-dessus de la terre pour lui donner une vie nouvelle, la vie même de Dieu. 

Dans le Je crois en Dieu, en sa version longue, on dit en effet : « Je crois en l’Esprit qui est Seigneur et qui donne la vie ». 

           Et Jésus, cet homme si semblable aux autres hommes maintenant baptisé, est le Fils de Dieu, tellement rempli de l’Esprit Saint, qu’il pourra le donner à tous les hommes pour en faire des fils de Dieu. 

Et Dieu pourra nous dire à tous, comme à Jésus, donc à toi et à moi : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en qui je trouve ma joie ».

          

           Jésus portait ce secret depuis plus de trente ans de vie cachée, et, aujourd’hui, au Jourdain, c’est l’éclatement de cet amour, de cette sainteté, de cet ajustement parfait à la volonté de Dieu. 

           Le baptême révèle Jésus. 

 

Eh bien, notre baptême nous révèle à nous-mêmes. Oui, baptisés, nous « remontons » des eaux du péché et de la mort par la puissance de l’Esprit Saint et nous nous découvrons fils, sous le regard du Père. 

Avec Jésus, nous sommes en plein cœur du monde avec les questions que nous nous posons sur l’avenir de notre pays, à un période de grande inquiétude et de tension, Jésus y est avec nous. Dans ce qui est souvent plus une nasse qu’une belle source, Jésus y est avec nous.

Et toujours avec Jésus, nous triomphons des épreuves. Nous faisons tout pour sortir de ces difficultés et tirer les autres avec nous pour ne pas désespérer.

Ce mouvement de haut en bas que vit Jésus par solidarité avec nous, nous devons, nous le vivre de bas en haut pour que gagne la vie, une vraie vie, déjà signe de la vie au ciel où tout est parfait, joie, paix et lumière.

Pour vivre ce mouvement il nous faut des forces qui nourrissent notre vie intérieure ; pour les chrétiens cette force vient de la communion, de l’Eucharistie ; le corps du Christ qui se donne à nous, dans un simple bout de pain qui est sa présence réelle pour notre vie et notre joie.

                                                                       Amen

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