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En trois épisodes, Louisbourg et les Hendayais
En trois épisodes, Louisbourg et les Hendayais
© Jacques Eguimendya

| Jacques Eguimendya 1108 mots

En trois épisodes, Louisbourg et les Hendayais

Épisode 3 :

Fortunes hendayaises diverses à Louisbourg


 

A Louisbourg, on y réside à l’année, l’on y vient passer la saison de la pêche dans des conditions plus ou moins confortables ou on y fait escale. Les Hendayais comme les Basques, Bretons ou Normands ne dérogent pas à la règle. Soit, on le projet est de se créer une nouvelle vie, soit c’est la nécessité de la pêche qui l’impose, ou c’est un simple passage induit par les nécessités du commerce maritime.

Les premiers Hendayais, d’ailleurs ceux, qui avec leurs descendants, ont le plus marqué la vie de cette ville forteresse et de l’Ile Royale, y sont arrivés contraints et forcés par les soubresauts de l’Histoire. Auparavant, ils ont fait étape, souvent avec bonheur, à Plaisance (Terre Neuve) et Saint-Pierre et Miquelon. Leur réussite a participé à l’élaboration du mythe de Louisbourg et attiré des populations recherchant une vie meilleure.

Cette réussite dépend tant de compétences recherchées, d’opportunes rencontres que de stratégies d’alliances bien maîtrisées. Un ensemble qui interpelle quant au besoin d’exil par des familles tenant le haut du pavé à Hendaye telles que les Daccarette, de Galbaret, Detchevery. Pour Pierre Daguerre et Joannes Hiraburu, charpentiers de marine, la volonté de mieux valoriser ses savoirs est compréhensible.

L’habitude des méandres du pouvoir explique, peut-être, l’accession de ces familles à des positions de pouvoir, à leur profit certes mais également à celui de la Côte Basque. La saga Daccarette[1] en est une parfaite illustration. Sur deux générations successives on y trouve les mêmes ressorts. Trois frères, Joannis, Jacobé, Michel et leurs deux sœurs, après un passage à Plaisance et Saint-Pierre et Miquelon où ils nouent des alliances avec des négociants, sont contraints par le Traité d’Utrecht de quitter les lieux et de s’implanter au Havre de la Baleine où ils installent une première pêcherie (pêche et séchage de la morue). Puis leurs routes divergent, Jacobé revient à Hendaye et se lance dans la course et le convoyage des navires de son frère, avant de mourir en 1744, Joannis et Michel démultiplient les établissements « industriels » (Louisbourg et Niganiche)[2] et développent leur activité de négoce.

Sens du commerce et utilisation des opportunités sociétales vont être les moteurs de la réussite de Michel le jeune. D’une part, outre les pêcheries, il commerce avec la Côte Basque, notamment avec Bernard Damestoy, Joannis Dargainaratz, Joannis de Saint Martin de Saint-Jean-de-Luz et avec Leon Brethoux de Bayonne avec qui il aura des soucis et des dettes. D’autre part, déjà, à la mort de son épouse à Plaisance en 1718, il prend en charge les biens que sa Belle Sœur Catherine Gonillon, possède à La Rochelle et Saint Domingue, avant de l’épouser à Louisbourg et de régulariser leur enfant naturel.

A cette réussite économique, confortée par une stratégie d’alliance à travers baptêmes et mariages vient s’ajouter l’ascension sociale. Il devient Marguillier de la Paroisse Notre Dame des Anges, de Louisbourg et Capitaine de la Milice Paroissiale, ce qui n’est pas sans importance dans la société locale. Il est le relais entre le Gouverneur et les habitants de la ville-forteresse. Il a une place honorifique à l’église (par exemple, lors des fêtes religieuses, il reçoit la Communion, en second, après le plus haut représentant du Roi). Il a des pouvoirs de police. Mais, cette position doit faire des jaloux puisque son mariage avec Catherine Gonillon est remis en cause. Il faut une instruction de l’Evêché de Québec et une cérémonie de réhabilitation (1737) pour le confirmer.  Les mauvaises langues diront que le don, en 1732, d’une cloche à la l’Eglise du Bon Secours au Havre de la Baleine n’est pas étranger à cela. Il meurt en 1745, à la tête de la milice, en défendant la ville contre l’envahisseur. Plus de 250 ans plus tard, il intègre le panthéon des grands hommes Canadiens.

Après la restitution de Louisbourg par les Anglais, son fils Michel, né en 1730, de Catherine Gonillon à Louisbourg, suit le même parcours. Après la récupération des biens de la famille confisqués par les Anglais, il se marie avec Marguerite Laborde, née à Bidart, fille du Trésorier de la Marine et Notaire du Roi de 20 ans plus âgée que lui. Puis il reprend le commerce du poisson, arme deux bateaux corsaires « L’Heureux » et « La Revanche ». En 1756, il prend le commandement de la Milice Paroissiale. Après la prise définitive de Louisbourg par les Anglais, il s’installe à Bordeaux où il doit jongler avec les ennuis et son métier d’armateur.

Dans cet intervalle de temps, ont-ils eu le temps ou l’envie de se déplacer dans les faubourgs de Louisbourg pour aller se restaurer à l’auberge de Dame de Galbaret. C’est probable, car son parcours entre Plaisance et Louisbourg a été le même, les périodes de veuvage également. Ce qui surement doit établir des liens. Si la plage d’ouverture n’est pas certaine, les études canadiennes et l’Etat Civil semblant donner des informations contradictoires, il est certain qu’elle a laissé une trace. Son établissement implanté dans le Faubourg situé entre les fortifications et la Batterie Royale, est le troisième plus grand établissement. En plus, elle se distingue pour sa capacité de gérer à la fois une auberge et une pêcherie lui appartenant en propre. On peut supposer que ses sœurs, Eflavie et Marie, vivant également à Louisbourg et mariées avec des Bourgeois Marchands, son frère Martin, l’ont aidé.

Ignorés par la postérité d’autres Hendayais sont à citer. Ainsi, au rayon de la gente féminine on aura une pensée pour celle que l’on découvre au hasard de l’examen de l’état civil[3] comme Marie de la Parque signalée au baptême de Pierre Lagoanère, comme Marguerite Candevas[4], morte en 1750 à l’âge de 60 ans ou Jeanne Vicente Dey enterrée en avril 1752.

Chez les hommes, on n’oubliera pas Joannes Hiraburu et Pierre Daguerre les charpentiers de marine ainsi que Bertrand Detcheverry venu s’installer dans l’Ile Royale en 1753 avec son épouse Jeanne Madeleine Treguy. Malheureusement, l’examen de l’état civil[5] révèle la mauvaise fortune de jeunes pêcheurs, tels que Antoine Mimiague, Jean Diron et Pierre Louiet (de Biriatou), pêcheurs enterrés à Louisbourg entre 1750 et 1758.


 

[1] Cf. l’ouvrage de Alfred Lassus « Corsaires Hendayais » et les fiches des grands hommes canadiens publiées par l’Université de Toronto

[2] Outre Louisbourg, la Capitale, l’Ile Royale (aujourd’hui Cap-Breton) comprenait des zones de peuplement comme le Havre de la Baleine, Niganiche, Port Toulouse

[3] L’état civil de Louisbourg n’intègre pas les femmes servantes, or de par les lettres saisies sur le Dauphin on devine la présence d’un certain nombre de jeunes filles basques.

[4] Peut-être Marguerite de Canderats grand-mère maternelle de Bertrand Detcheverry

[5] Etat Civil – IREL -Archives Nationales d’Outremer


 

"Son établissement (Dame de Galbaret)  implanté dans le Faubourg situé entre les fortifications et la Batterie Royale, est le troisième plus grand établissement.
"Son établissement (Dame de Galbaret) implanté dans le Faubourg situé entre les fortifications et la Batterie Royale, est le troisième plus grand établissement. © Jacques Eguimendya
"Son établissement (Dame de Galbaret)  implanté dans le Faubourg situé entre les fortifications et la Batterie Royale, est le troisième plus grand établissement.

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