Comment comprendre la devise républicaine liberté-égalité-fraternité quand, en tant que chrétien, on se rattache à une autre doctrine (enseignement): foi-espérance et charité.
Alors que l'année 2015 a commencé, avec Charlie, par une prise de conscience aiguë de la valeur de la liberté d'expression, on peut s'interroger sur le vrai sens du mot liberté qui figure justement comme le premier des 3 principes de notre république. Que n'a-t-on pas dit et revendiqué à ton sujet, Liberté! Mais il serait bien contraire à l'épanouissement de la liberté que de la réduire à la seule liberté d'expression qui n'a rien d'absolu, car elle peut être meurtrière, comme nous l'avons expérimenté.
La triade Liberté-Egalité-Fraternité n'a pas été inventée de toutes pièces, mais élaborée peu à peu, comme une émergence qui prend ses racines bien avant la Révolution, au début du Siècle des Lumières. Les trois mots n'ont pas été associés d'emblée, mais se sont agrégés tout au long du XVIIIème siècle, pour finir enfin réunis sur la tenue des gardes nationales en 1790. Mais il faut attendre 1848 pour que cette devise soit inscrite dans la constitution.
Tout cela signifie que l'appel à la liberté ne commence pas avec la Révolution française, mais est l'aboutissement d'un long processus de conscience collective, qui s'est déployé pendant un siècle avant d'éclore. Mais en réalité les racines de la liberté ont poussé dans l'esclavage des hommes, le servage de l'homme remontant au moins à l'antiquité, mais aussi l'asservissement de la nature humaine au Mal tel qu'on le voit encore aujourd'hui. Le mal étant universel, l'appel à la liberté l'est pareillement.
Avant d'aller plus loin, relisons les fondements spirituels, du moins judéo-chrétiens, de la liberté.
Luc 4, 18: L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu'ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés (d'après Isaïe 61, 1)
Jésus, sauveur du monde, est envoyé pour rendre la liberté à l'homme opprimé.
Jean 8, 32: alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.
C'est la connaissance de la vérité, connaissance révélée par Jésus et éclairée par l'Esprit, qui nous rend libre.
Paul aux Galates 5, 13: Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres.
Pierre I-2, 16: Soyez des hommes libres, sans toutefois utiliser la liberté pour voiler votre méchanceté : mais soyez plutôt les esclaves de Dieu.
Mise en garde contre une mauvaise interprétation du mot liberté: ce n'est pas faire tout ce que je veux pour assouvir mes désirs, mais c'est se mettre en tenue de service par amour.
Jacques 1, 25: Au contraire, celui qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s'y tient, lui qui l'écoute non pour l'oublier, mais pour la mettre en pratique dans ses actes, celui-là sera heureux d'agir ainsi.
Pouvons-nous comprendre la liberté comme une loi à laquelle il faut se tenir?
Jacques 2, 12: Parlez et agissez comme des gens qui vont être jugés par une loi de liberté.
Nous devons nous considérer comme sous la loi de liberté. Incroyable, au prime abord, cet oxymore (alliance de mots contraires) entre loi et liberté! Et pourtant... acceptons que l'Esprit fasse son œuvre en nous pour accéder à une compréhension intime de ce qui nous paraît être contradictoire.
Pierre II-2, 19: Ils leur promettent la liberté, alors qu'eux-mêmes sont esclaves de la corruption : on est, en effet, esclave de ce qui vous domine.
Attention: l'esclavage ne vient pas toujours du dehors, mais certainement aussi bien de toutes nos vanités: orgueil, possession, pouvoir, prétention...
Didier HOUDIN
A suivre