Première procession intime qui ne demande qu'à s'agrandir !
Il n'existe aucun document sur l'histoire de la Croix de Mercatenia qui est probablement une Croix de rogation comme il en existe des milliers dans les campagnes françaises.
Belles traditions datant du 5e siècle et instituées par saint Mamert après une série de calamités rurales, les rogations sont tombées en désuétude alors qu'elles étaient prières de demande ("rogare" en latin) pour la bénédiction des terres agricoles, et de la pluie, inestimable don de Dieu.
Pour la pluie, ce jeudi 4 août, nous avons été comblés !... et c'est parapluies ouverts et sourire aux lèvres, comme dans le coeur, que nous avons renoué avec la procession à la Croix de Mercatenia pour sa bénédiction, excellente idée de Luixa, suite à sa restauration spontanée par Pantxoa et Roger, tous trois habitants de ce quartier.
La Croix, en fer forgé, envahie par le lierre, se détériorait inexorablement. En arrachant le lierre, les cailloux du socle ont suivi et c'est ainsi que les deux hommes ont réalisé que la Croix était plus grande que celle qu'ils connaissaient.
En effet, il y a sûrement bien longtemps, elle avait cassé mais au lieu de la ressouder, les gens de l'époque avaient tout simplement rehausser le socle avec plus de cailloux. Heureusement, le morceau cassé était bien là, enterré, et donc, ressoudée par Pantxoa, la Croix a retrouvé sa taille d'origine, repeinte et redorée.
Pantxoa se souvient des processions à la Croix, lui enfant de choeur, au mois de mai ?... (les rogations, traditionnellement, se font les trois jours qui précèdent l'Ascension de Jésus - se tourner vers le ciel pour obtenir sa clémence tandis que vient la saison des récoltes comme des orages)
A l'époque, le quartier n'était pas résidentiel et la Croix se trouvait, comme il se doit, au bord d'un grand champ ; un très grand marronnier lui tenait compagnie. C'était un lieu de jeu pour les enfants.
Petite anecdote : dans la caillasse, ils ont trouvé une pièce de 10 centimes de 1855 à l'effigie de Napoléon III. Alors, eux-même ont déposé 1,50€ pour les éventuels restaurateurs du futur !
Parmi les participants, Charles (plus connu sous le nom de Charlot), né à Béhobie dans la maison familiale en 1931, se souvient aussi des processions à la Croix.
Elles avaient effectivement lieu trois jours de suite, après la "petite messe" du matin. Partant de l'église saint Jacques, le premier jour la procession se rendait à la Croix de Margueria ; le deuxième à la Croix de Mercatenia et le troisième, à la Croix du cimetière.
Charlot se souvient aussi d'être allé à la garderie des religieuses, communauté vivant en face de sa maison familiale. Il avait entre 4 et 8 ans. La supérieure donnait des cours de couture. Soeur Noélie fabriquait des remèdes avec des plantes médicinales récoltées aux alentours et sa réputation attirait beaucoup d'amateurs.
Pour les enfants, les temps de jeux se passaient autour de la Croix de Mercatenia. Charlot parle aussi du grand champ et du très grand marronnier. Ce sont de bons souvenirs !
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L'abbé Jean-Marc, qui ne connaissait pas cette Croix comme bien des habitants d'ici, a répondu avec joie à la demande de Luixa pour une bénédiction. Malgrè la pluie, tous nous étions très heureux d'être là.
Sur cette belle lancée, une participante et voisine de la Croix, a demandé la bénédiction de sa maison, ce qui a prolongé ce temps privilégié de prière.
En vacances chez lui, et donc avec nous, Alexandre séminariste à Bayonne a pu assister l'abbé Jean-Marc. Il vient de finir son année de propédeutique et entrera en première année de philosophie à la rentrée.
Cette procession aura désormais lieu tous les 1er jeudi du mois d'août.
A chacun d'y participer avec ses propres demandes tout en priant pour nos demandes communautaires.
Dans le monde, aujourd'hui, quelles belles "plantes" voulons-nous confier à l'Amour Créateur ?