" Notre périple durera plusieurs mois pour traverser le continent américain du nord au sud. Voyages fractionnés réalisés « en solo et sac à dos » à partir des années 1970."
Mexique
Quittant les USA, pays le plus riche du continent, nous voici au Mexique, autre pays immense dont la superficie est presque quatre fois plus grande que celle de la France (1.970.000 km2), 3.000 kilomètres entre ses frontières au nord et au sud.
Le principal fleuve, le Rio Bravo del Norte est frontière naturelle commune avec les USA sur 1.600 kilomètres. Les montagnes les plus élevées aux noms d’origine Nahualt dépassent 5.000 mètres d’altitude : Citlaltepetl (5700 m), Popocatepetl (5432 m), l’Ixtaccimuatl (5386 m).
La capitale des Etats-Unis du Mexique, Mexico, l’ancienne Tenochtitlan des Aztèques, est située sur les hauts plateaux du centre à 2240 mètres. Plus de 129 millions d’habitants, dont 24 millions dans la capitale fédérale, surpeuplée et polluée. De nombreuses langues précolombiennes sont parlées en plus du Castillan, langue officielle.
La monnaie locale, le Peso, ne vaut pas grand-chose, d’autant plus que l’inflation est continue et galopante.
Bon à savoir, avant d’entreprendre un voyage au Mexique, du fait de l’immensité du pays il ne saurait être question de penser tout voir et tout connaître en quelques semaines. On organisera donc son itinéraire selon ses préférences en choisissant l’archéologie et les sites précolombiens, les villes coloniales, les villages indigènes, les déserts, les stations balnéaires…
Personnellement, pour l’avoir pratiqué un peu, je déconseillerais les déplacements en voiture particulière, surtout pour qui voyage seul. Tout d’abord il y a les distances : il faut plus de 24 heures pour aller de Mexico à Tijuana (frontière avec la Californie) ou à Villahermosa dans l’état de Chiapas (site de Palenque). Autres embuches sur la route, la signalisation souvent défaillante. La conduite se pratique en théorie à droite, mais en réalité selon l’état des routes et des pistes… Ceux qui se hasardent à conduire la nuit préfèrent par prudence rouler au milieu de la route, souvent sans lumières, et le jour où ils peuvent…
Se méfier de la police, qui reconnait les Gringos de loin, et qui a la fâcheuse habitude de rançonner les automobilistes (il est de bon aloi de placer quelques billets dans son passeport ou permis de conduire pour être tranquille).
Pour découvrir le Mexique – son Mexique – en dehors de voyage en groupes constitués de touristes (ce qui n’est pas une mauvaise solution) le mieux, pour les déplacements entre régions est d’avoir recours à l’autocar ou à l’avion, des forfaits étant proposés par les compagnies Aéromexico et Mejicana, les deux compagnies les plus importantes, un moyen moins onéreux qu’en Europe (hors compagnies low cost).
Pour les jeunes, d’âge ou d’esprit, l’autocar est le moyen le plus économique pour découvrir, outre les paysages, les Mexicains. Une bonne connaissance de la langue espagnole aide à être classé « Gringo europeo », ce qui est nettement moins péjoratif que « Gringo americano » et ainsi les prix lors des marchandages sont en général moindres…
Quelques derniers conseils pêle-mêle, avant notre arrivée à Mexico. Il se passe toujours quelque chose au Mexique. La plupart des fêtes dans les villes et villages sont en relation avec la tradition religieuse importée d’Europe par les Conquistadores. Se renseigner avant le départ et éventuellement intervertir des séjours sur place afin de ne pas manquer quelque manifestation religieuse ou culturelle.
Côté gastronomie, les amateurs de pain ont intérêt à commencer à réduire leur consommation avant le départ, cela préparera au remplacement par les tamales, tortas, tortillas, tacos, enchiladas, galettes en lieu et place du pain, faites à base de farine de maïs (comme le taloa au Pays Basque).
Attention aux sauces ! Qu’elles soient de couleur verte ou rouge, elles sont très, très piquantes. A ne pas mettre dans toutes les bouches ! « Está muy caliente, verdad, Gringo ? » m’a-t-il été susurré, sans malice aucune, dans une Cantina.
Outre la tequila, les boissons favorites des Mexicains sont le mezcal, le pulque, les bières et évidemment les Cola, locaux ou d’importation.
Question souvenirs, le plus difficile n’est pas de ce que l’on peut rapporter mais au contraire ce qu’il faudra renoncer à acheter. A chaque région, à chaque village ses spécialités.
Les antiquités vendues sur les marchés sont évidemment fausses et datent du mois dernier, même lorsque « découvertes » devant vous dans un champ situé à proximité d’un site archéologique (piège à touriste). Les vrais bijoux en argent s’achètent de préférence dans le nord du pays ou à Taxco ; les couvertures en laine tissée à la main, les châles, les colliers, les opales et les turquoises dans le sud. Le style des belles poteries diffère en fonction de la région et des sites. Les hamacs sont (paraît-il) la spécialité et le gagne-pain des personnes emprisonnées. Une pensée pour eux de retour au pays, paresseusement allongé dedans…
Bon ! Nous voici arrivés sur le tarmac de l’aéroport de Mexico D.F. Il fait déjà nuit du fait que les vols entre France et Mexique partent en général en fin de matinée d’Europe et arrivent à Mexico-Benito Juarez en début de soirée. Selon que vous aurez une allure respectable ou au contraire débarquerez avec un sac à dos pour tout bagage, les regards des douaniers seront bienveillants ou suspicieux, le Mexique étant une importante plaque tournante de la drogue.
Lors d’une première arrivée à Mexico, pour gagner un hôtel situé vers le centre de la ville, distant de pas mal de kilomètres, compte tenu du voyage et du décalage horaire, la tentation de héler un taxi (ou plutôt d’y répondre) est normale. A éviter si on le peut car, juste au sortir du hall de l’aéroport vous attend le trolley (du moins encore en service au début des années 1980), beaucoup plus sympathique et bien meilleur marché.
Mexico
Il m’est d’autant plus difficile de décrire la ville de Mexico en 2021 (mes voyages remontent à 1975 et 1979) qu’un tremblement de terre a fait de gros dégâts fin 1985. Je sais qu’au moins le quartier de la Zona Rosa, où se trouvaient la Calle Biarritz et le Centro Vasco, calle Aristóteles 239, a été particulièrement dévasté…
Mexico est une ville gigantesque, dont « Insurgentes », la plus grande avenue, traverse la mégapole du nord au sud sur plus de 40 kilomètres. Plus de 24 millions d’habitants vivent dans la zone métropolitaine de Mexico, se déplacent, travaillent, circulent de jour comme de nuit. C’est l’aire urbaine la plus peuplée parmi celles de langue espagnole et une des trois plus peuplées du continent américain (avec New-York et São Paulo).
Une semaine entière n’est pas de trop pour en découvrir les principaux centres d’intérêt. Il semble que le dernier tremblement de terre ait épargné les constructions d’avant la colonisation espagnole, touchant surtout les constructions modernes non-anti sismiques.
Pour les déplacements obligés dans cette mégapole, il n’est guère conseillé d’utiliser les bus de ligne, fort nombreux mais bondés, sauf entre le centre et l’aéroport ou le tramway (s’il fonctionne encore) si l’on tient absolument à aller jusqu’aux « jardins flottants de Xochimilco », très couleur locale et surtout direct.
Les « peseros », taxis collectifs, desservent comme les autobus des lignes fixes mais sont plus rapides car moins d’arrêts.
Le moyen de transport le plus rapide, le plus fonctionnel et le plus propre est bien entendu le métro, fabriqué en France. Le réseau du métro de Mexico, emprunté quotidiennement par près de 5 millions d’usagers, compte 12 lignes et 195 stations. Les noms des stations sont indiqués « en clair » et également avec des pictogrammes dessinés, du fait de l’analphabétisme toujours important : une tête d’Indien pour la station Cauthlemoc, un jet d’eau à Salto del Agua, un croissant de lune à Tacuba, etc…
Que voir, que faire à Mexico, et surtout dans quel ordre ? La première visite ou une des premières est celle du Musée National d’Anthropologie et d’Ethnologie, si on veut essayer de comprendre le Mexique, autant le passé que le contemporain.
Les trois cultures, l’indienne, l’espagnole et l’actuelle y sont rassemblées de façon harmonieuse dans une cinquantaine de salles. Je n’évoquerai ici pour mémoire que les civilisations des Aztèques dominateurs, des Toltèques industrieux, des Mayas savants et artistes, sans oublier les Olmèques, les Zapotèques, les Mixtèques…
C’est du haut de la Torre Latino-americana, aux allures d’Empire State Building d’une cinquantaine d’étages seulement, de préférence un dimanche ou à la nuit tombée (à cause de la pollution) que l’on découvre l’étendue de la ville qui s’étend à perte de vue.
Tout près de cette tour se dresse le Teatro de Bellas Artes, splendide édifice témoin de la grandeur passée, à deux pas du Zocalo, une des places les plus anciennes de l’antique Tenochtitlan des Aztèques, dont subsistent la cathédrale primitive, l’église du Sagrario et le Palais du Gouvernement, décoré de fresques de Diégo Rivera.
Dans le même quartier se trouvent nombre de vieilles maisons coloniales aux façades décorées d’azulejos, de carreaux de faïence datant du temps de la colonisation.
Mexico, c’est également la célèbre place dite des Trois Cultures, où restent visibles des vestiges aztèques, des monuments de l’époque coloniale entourés de bâtiments ultra modernes. C’est en général lors de travaux, réfection des rues, ouvertures de tranchées, fondations pour de nouveaux immeubles, que sont mis à jour de nouveaux sites précolombiens.
Non loin (tout est relatif) de la place des Trois Cultures, la non moins célèbre place Garibaldi et ses orchestres de mariachis qui animent les restaurants. Saviez-vous que le terme « mariachi » est une déformation du mot français « mariage » et que les premiers musiciens étaient des soldats français qui jouaient lors des mariages ?
Outre le Musée National déjà évoqué plus haut (dont une deuxième visite avant le départ du pays n’est pas superflue) de nombreux autres musées, souvent des vieilles demeures ou d’anciennes églises, sont à découvrir, selon l’intérêt que l’on porte à la peinture, la culture populaire, etc…
La Cité universitaire, dont la bibliothèque est ornée de fresques gigantesques, se trouve près des installations des Jeux Olympiques de 1968 et du célèbre Estadio azteca dans lequel 100.000 personnes peuvent assister aux rencontres sportives. Parmi les sports populaires, il n’y a pas que le football, le basket et le baseball, la pelote basque et le rodéo passionnent aussi les Mexicains.
Quittons le centre ancien de Mexico pour la banlieue sud en direction des fameux Jardins flottants de Xochimilco. Plutôt des marécages où le dimanche il est possible de se laisser promener dans des canaux à bord de barques décorées de fleurs de papier, au son des mariachis (si on y met le prix !). Un témoignage de que devait être la lagune de Tenochtitlan du temps des Aztèques.
Tout au nord de la ville, arrêt obligatoire à la Basilique de Notre-Dame de Guadalupe. Deux basiliques, l’ancienne datant de l’époque coloniale et la nouvelle, immense, où se pressent les fidèles lors des pèlerinages.
Nuestra Señora de Guadalupe est le nom donné à la Vierge apparue, selon la tradition à un indigène, Juan Diego en 1531. 20 millions de personnes viennent lui rendre hommage chaque année, principalement aux alentours du 12 décembre.
En continuant encore plus au nord, la route mène aux sites de Tula et Teotihuacán.