" ... Je vous invite à trouver chaque semaine des signes de mort devenus déjà résurrection ... "
Il n’était pas l’un des 12 apôtres de Jésus, il était le compagnon de Pierre dans les tout débuts de l’Eglise ; Marc a donc écouté l’enseignement de Pierre, il l’a suivi quelques temps dans son ministère… il a ainsi pu écrire l’évangile le premier, puis ce furent Luc, Matthieu de Jean. Les évangiles, d’abord oral puis écrit, s’adressaient à des communautés chrétiennes différentes et le cœur du message était le Kérygme c'est-à-dire l'attestation de la résurrection de Jésus crucifié, l'annonce du pardon, une invitation à la conversion et à l'attente du retour glorieux du Christ. Ces mêmes évangiles sont « bonne nouvelle » pour nous aujourd’hui et resteront parole de Dieu vivante et efficace jusqu’à la fin des temps.
Dans cet esprit, je voudrais vous parler du Temps Pascal dans lequel nous sommes entrés depuis le dimanche 12 avril, saint jour de Pâques. Il dure jusqu’au dimanche de Pentecôte.
Jusqu’à présent, et quoi de plus normal, beaucoup de personnes ont comparé l’épreuve mondiale que nous vivons à une traversée du désert, à un temps de Carême à 100 pour 100.
Aujourd’hui, nous avons dépassé ce Carême, « ils sont finis, les jours de la Passion, suivez maintenant les pas du Ressuscité ; suivez-le désormais jusqu’à son royaume où vous possèderez enfin la joie parfaite » disait la bénédiction solennelle de la messe de Pâques.
Alors, cherchons ensemble comment dire avec confiance, malgré ce que nous vivons, que la crise sanitaire que nous traversons et le confinement que nous vivons sont aussi du côté de la résurrection et de la vie. Et militons pour un temps Pascal à 100 pour 100.
Partons de cette parole de Pierre, le maître de Marc : « Vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or… »
Cette joie vient de ce que Pierre a vu et entendu le Maître et Sauveur ressuscité lui dire, comme aux autres apôtres : « La paix soit avec vous ! » donc pas de crainte. Il est avec eux, il est avec nous Vivant.
Cette joie se fonde en eux, au plus profond d’eux-mêmes, sur la vision des marques de la passion restés sur le corps de Jésus ressuscité : « Pourquoi êtes-vous bouleversés et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire… »
Cette joie leur est-elle réservée ou bien nous est-elle destinée à nous aussi qui n’avons pas vu le Christ ressuscité ? Mais qui avons été baptisés dans sa mort et sa Résurrection et qui avons revêtu le Christ et qui avons reçu son Esprit par l’Onction Saint. Réalisons l’importance de cela dans nos vies… merci Seigneur, merci ô mon Eglise !
Alors oui, osons dire et témoigner : « je crois que Jésus est ressuscité et qu’il nous fait déjà goûter à la joie de la résurrection aujourd’hui dans ces circonstances inédites et douloureuses, avant de la connaître et d’y participer pleinement et sans aucune entrave dans la gloire du Ciel où tout est Vie ».
Et nous déroulons la vie actuelle :
= au 18 avril les chiffres étaient de 157 163 morts du Covid dans le monde sur 1 534 103 cas ; donc beaucoup de malades ont été et seront guéris. Signe de résurrection. Le Seigneur accueille les défunts dans son paradis et les ressuscite comme son Fils et dans le Fils. La croix sur laquelle souffrent les malades est arbre de Vie.
= ces personnes sauvées le sont pas les soins prodigués par tous les soignants qui se mettent en quatre, au prix de leur propre santé parfois, du stress et de la peur toujours, et ils gagnent sur la mort ! Par nos simples applaudissements tous les jours à 20 h nous nous sentons tellement proches d’elles et d’eux ; nous les soutiendrons encore après la pandémie. Signe de résurrection. Le Seigneur est là à leur côté et se réjouit de leurs victoires.
= les entreprises et les sociétés en pleine crise économiques et sociale se donnent et se donneront les moyens de sortir la tête de l’eau aidées par l’Etat providence ainsi que par leur énergie et leur inventivité propre relayées par un comportement nouveau des consommateurs que nous sommes. Signe de résurrection. Le Seigneur fait toutes choses nouvelles.
= tout le monde dit ou du moins espère très fort que la vie sera différente après la crise sanitaire : nous saurons regarder les autres et la planète différemment, nous saurons être moins individualistes et moins matérialistes, nous retrouverons l’essentiel. Signe de résurrection. Le Seigneur agit dans le cœur des hommes et des femmes par son Esprit.
= une caricature représente le Diable qui dit à Dieu : « tu vois j’ai fermé toutes tes églises ; et Dieu de lui répondre : « au contraire, ce sont des multiples églises domestiques, dans toutes les maisons des chrétiens, qui se sont ouvertes ».
Nous avons pris les moyens de nourrir notre foi pour être encore bien vivants spirituellement et nous préparer à remplir nos églises. Signe de résurrection. Jésus est le maître de l’impossible.
= les religions sont réduites au strict minimum dans leurs célébrations liturgiques communautaires et en souffrent comme jamais ; mais chez nous les évêques de France communiquent au gouvernement leurs propositions pour un déconfinement qui intègre aussi la vie spirituelle communautaire des chrétiens. Les autres religions feront de même. Signe de résurrection. Le Christ ressuscité est avec nous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.
Cela ne se fera pas comme par un coup de baguette magique, nous ne sommes pas dans un conte pour enfants.
Cela se fera en regardant le Christ ressuscité et en le priant : Jésus ressuscité porte les stigmates de sa passion, ses mains, ses pieds et son cœur gardent à jamais les traces de sa douloureuse passion et de sa mort atroce. Oui, c’est ainsi qu’il ressuscite.
Mort et résurrection sont indissociables aujourd’hui encore comme nous venons de l’illustrer pas quelques exemples un peu plus haut.
Je vous invite à trouver chaque semaine des signes de mort devenus déjà résurrection : ici, chez nous, tout près de nous, et dans les événements de la France, du Pays Basque et du Monde.
Car « loin que ses blessures soient des trous, ce sont des fontaines » écrivait le père jésuite André Manaranche mort le jour de Pâques du Coronavirus à 93 ans.
« Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
Jean-Marc LAVIGNE,
votre frère et votre curé
pour la fête de son saint patron